Origine du nom

Le nom du village est probablement dérivé du patronyme Hatton ou Otto, premier propriétaire des lieux. Au xiie siècle, l'endroit où se trouve le village portait le nom de Hadestal.

Un village construit sur un ancien site gallo-romain

Ce village a probablement été construit sur un ancien emplacement gallo-romain appelé à l'époque Altévic. On a découvert à Hattstatt des tuyaux de conduits remontant à l'époque romaine. Ces tuyaux affectaient la forme d'un cône tronqué renflé à sa base et étaient lutés avec du ciment. Quelques-uns portaient la signature du potier Carpinius.

Au XIIe siècle, la famille des Hattstatt s’installe dans le village

Au XIIè siècle, on sait qu'une famille noble, les Hattstatt, contrôlait déjà le village depuis un certain temps car dès l'année 1180, Henri Ier, évêque de Strasbourg, par une sentence en faveur de l'abbaye de Marbach, s'était élevé contre les prétentions de trois membres de cette famille : Werner, Eppio et Conrad, qui revendiquaient la quatrième partie du droit de patronage de Marbach et la huitième partie de la dîme de l'église de Herrlisheim. Dès 1188, le village passe entre les mains d'un certain Conrad Warnier ou Werhner qui est investi dans la dignité de landvogt (bailli) par Rodolphe de Habsbourg.
En 1285, Conrad et son fils (avec Cunon de Bergheim) sont les invités du comte de Chiny lors des festivités qui se déroulèrent entre Montmédy et Chauvency-le-Château, aux joutes et mêlées du tournoi. Jacques Bretel, chargé d'écrire la chronique de ces journées, les range parmi les héros de ces jeux guerriers et raconte leurs exploits dans son poème : Le Tournoi de Chauvency.

La construction d'un château fort

La famille de Hattstatt fait construire un château fort à 826 mètres d'altitude à l'entrée de la vallée de Saint-Grégoire, qui restera dans la famille jusqu'au xvie siècle. Ce château s'appelait le Haut-Hattstatt ou Barbenstein, de la montagne de Barby sur laquelle il était situé. Il est brûlé en 1466 par les habitants de Munster parce que Jean de Lupfen, seigneur de Haut-Hattstatt, avait attaqué les bourgeois de Turckheim. Après l'extinction des Lupfen, le château passe aux Hattstatt, puis aux Truchsess de Rheinfelden. Le village de Lengenberg, qui dépendait de Barbenstein, a disparu. Le bourg de Hattstatt a été en outre défendu par un autre château qui appartenait aux Hattstatt du xiie au xvie siècle et devint ensuite l'apanage des Schauenbourg.

À partir du XIIIe siècle, les biens du village passent à l’évêque de Strasbourg

Vers 1294, les Hattstatt sont contraints d'abandonner tous leurs biens dans le village à l'évêque de Strasbourg. Seul le château reste entre leurs mains, et le village de Soultzbach-les-Bains.

Les Hattstatt retrouvent leurs biens

Vers 1460, les Hattstatt retrouvent leurs biens. Cependant, vers 1466, le château est incendié et son donjon abattu. Vers 1505, Jacques de Hattstatt promulgue un nouveau règlement qui va mécontenter les habitants, mais devant la colère populaire un arrangement est trouvé. La famille Hattstatt est à l'origine de la création d'une maison de bains dont l'eau est réputée pour sa pureté. À l'extinction de la famille de Hattstatt vers 1587, les successeurs sont les Truchsess de Rheinfelden, une famille noble de Suisse qui vendent ensuite une partie du château en ruine à la ville de Colmar. Plus tard, c'est la famille des Schauenbourg qui prendra possession du village.

Les juifs sont pourchassés

Au début du Moyen Âge, le village de Hattstatt comporte une importante communauté juive qui est pourchassée impitoyablement en raison de rumeurs faussement colportées. Les juifs sont accusés d'avoir empoisonné les cours d'eau et sont soumis à des tortures dans le but de leur faire avouer leurs forfaits. Ils sont brûlés dans un lieu connu sous le nom de Judenbrand, un lieu-dit qui se trouve à Herrlisheim-près-Colmar. En 1375 quelques familles juives feront à nouveau une apparition dans le village ; elles seront au nombre de 43 lors du dénombrement des juifs de 1784, avec 229 individus, mais quitteront peu à peu le village, surtout après l'annexion de l'Alsace par l'Allemagne en 1871. Elles auront complètement disparu vers 1950.